Mes conquêtes s'appuient sur ma grande intelligence. Loin de mettre toutes mes graines dans le même panier comme le pissenlit à qui certains osent me comparer, j'ai des tactiques d'expansion variées. Par le vent et par la terre je progresse et ainsi déjoue les attaques de mes ennemis. Car oui, j'en ai quelques-uns et j'en suis fort aise. Sans ennemis, point de victoires.
Commençons par mes fruits, mes akènes, ces petites graines nichées au coeur de ma coiffe d'automne.
Le vent les disperse en automne et en hiver. Autant en emporte le vent comme dirait Margaret Mitchell.
Saviez-vous qu'elle s'est inspirée de moi pour le titre de son célèbre roman et pour l'indomptable Scarlett O'Hara ?
Poursuivons par mes feuilles. Mes pétioles (le pétiole est la queue des feuilles) se transforment en vrilles pour que je puisse grimper toujours plus haut.
Quant à mes tiges, elles durcissent et deviennent ligneuses à mesure de ma croissance.
Ci-dessous, me reconnaissez-vous ? C'est moi en liane somptueuse. A ce stade, je ne m'agrippe plus, je prends appui sur tout ce que m'offre mon environnement pour continuer à me répandre. Toujours légère même si je ne suis plus tout à fait la fine pousse de mes débuts.
Avec de tels atouts, vous pensez bien que me tailler au printemps ne suffit pas à arrêter ma propagation. Ici je m'attaque à un chêne après avoir dévoré ce qui n'a plus de nom.
Et nous n'avons pas abordé mon réseau souterrain... Invisible, indétectable, je m'étends partout, sous le talus débroussaillé comme sous la pelouse tondue au cordeau.
Un tronçon coupé n'empêche pas mes feuilles de pousser chacune de leur côté. Ceci grâce à mes nœuds ! Ils me permettent de puiser dans le sol et de repartir de plus belle.
Allez, fi de la pudeur, je vous dévoile mon appareil souterrain. Images rares !
Pour me détruire, il est inutile de m'éclaircir au sécateur ou à la débroussailleuse. Mieux vaut m'extirper à mains nues (manière de dire car les gants sont recommandés : je ne me laisse pas détruire sans me défendre, moi la Sauvage).
Ou fracasser mes souches à la pioche. Oui, vous pouvez verser un pleur sur ma défunte étoile noire (même si j'en ai plein d'autres cachées sous terre).
Je tiens aussi en réserve quelques armes secrètes. Qui m'admire me suive !