Les personnes qui ont croisé le chemin de l'herbe à puce en conservent un souvenir cuisant.
En 2022, j'ai remarqué une plante grimpante en bas d'un talus, dans un jardin en terrasse. Elle recouvrait le tronc d'un érable et s'entortillait dans un chèvrefeuille. Une plante banale à laquelle je n'ai pas prêté attention. Plus tard elle s'est rappelée à moi par ses petites pousses courant sur la terre, ou plutôt galopant : elles s'étendaient largement sous la tonnelle du chèvrefeuille, se dispersaient dans un autre talus, abordaient une haie de pyracanthas sans craindre leurs épines. Quelle importance cependant ? Une plante sans rien de remarquable qui ne faisait aucun mal aux végétaux dans lesquels elle s'entremêlait.
Il se trouve que depuis une vingtaine d'années, plusieurs personnes ont été touchées par des allergies après avoir jardiné dans ces coteaux. Il est difficile de découvrir la cause d'une allergie car il y a souvent une combinaison de facteurs : la chaleur, une plante, un insecte...
La plante banale apparue récemment ne pouvait pas être soupçonnée. Mais comme elle se trouvait dans la zone rouge du jardin, j'ai cherché son nom. De l'herbe à puce selon internet. Étrangement, la recherche n'affichait que des sites américains. Aucun site ne rapportait la présence de cette plante en France. L'explication trouvée sur un site francophone canadien ? L'herbe à puce n'est présente qu'en Amérique. La plante inconnue n'en était pas et tant mieux car ce Toxicodendron radicans n'avait rien de sympathique !
Malgré tout, internet persiste à nommer cette plante de l'herbe à puce. Dans le doute, personne n'y touche, des photos sont prises et un botaniste est contacté. Il confirme et suggère d'avertir des associations naturalistes locales et la mairie. Une des associations contactées confirme à son tour et enregistre la présence et la localisation de cette plante dans l'observatoire de la biodiversité végétale de Nouvelle Aquitaine.
Une coïncidence étrange : cette herbe à puce qui n'est pas responsable des allergies se dévoile comme la pire des plantes allergènes. Potentiellement. Et malheureusement, elle a manifesté toute sa puissance lorsque T. (qui n'est allergique à rien) a voulu l'arracher. Plus embêtant, son identification est un pur hasard. Si même nous avions fini par la désherber, les allergies provoquées auraient été mises sur le compte de la zone rouge car les réactions cutanées sont identiques.